La transformation de plantes sauvages en plantes cultivées a longtemps assuré la sécurité alimentaire. S'appuyant initialement sur les variétés de plantes fournies par la nature, les sélectionneurs ont rapidement fait évoluer leurs méthodes en incorporant des connaissances et en tirant parti des nouvelles technologies pour améliorer encore les espèces cultivées. Actuellement, la demande de développement de nouvelles variétés de cultures de haute qualité augmente, en raison des défis croissants posés par le changement climatique et la croissance démographique. Les nouvelles techniques génomiques (NGT) apparaissent comme des outils prometteurs, mais controversés, pour relever les défis pressants de la sécurité alimentaire et de la durabilité. En effet, ces techniques pourraient potentiellement contribuer à accroître la productivité des cultures, leur résilience ou la qualité des produits.
Les NGT comprennent diverses approches, telles que la cisgénèse et l'édition du génome, qui peuvent introduire des modifications dans les génomes des plantes cultivées afin de développer des variétés améliorées. La cisgénèse permet de transférer des gènes d'espèces étroitement apparentées ou de la même espèce dans la plante cultivée souhaitée. Ainsi, des caractéristiques souhaitables, telles que la résistance aux maladies, provenant de sources naturellement compatibles, peuvent être introduites dans des cultivars existants de haute qualité. L'édition du génome tire parti d'outils moléculaires tels que CRISPR/Cas9 pour apporter des modifications ciblées à l'ADN des plantes cultivées, ce qui permet par exemple d'éliminer les caractères indésirables. Bien que la sélection végétale soit pratiquée par l'homme depuis des milliers d'années, les NGT offrent la possibilité de modifier les génomes des plantes cultivées de manière plus précise et plus efficace afin de créer des variétés améliorées. Toutefois, compte tenu de l'interaction complexe des considérations éthiques, réglementaires, environnementales et socio-économiques, l'utilisation des NGT peut être considérée comme un problème sociétal complexe.
Dans le cadre d'ENGAGE, nous utilisons ces techniques génomiques comme exemple de problème complexe d'actualité. Nous produisons conjointement des connaissances scientifiques sur cet exemple (notamment grâce à des avancées techniques sur la pomme, l'orge et un important cultivar de vigne suisse) tout en analysant le débat politique entourant ces techniques, et en organisant des événements de dialogue entre scientifiques et une diversité de parties prenantes afin de promouvoir une discussion approfondie sur les compromis découlant des NGT.